Corse Santé 33 - Tribune libre |
Au coeur de l'Europe du Sud et de la Méditerranée.UN DESTIN A ASSUMER, par Jean CASTA, Ingénieur Economiste, Président de l'Association « euro-méditerranéa »Chacun le sait. C'est une évidence.
La Corse est située au coeur de l'Europe du Sud et de la Méditerranée, à la charnière des continents européen et africain. Elle est aujourd'hui à la croisée d'enjeux géostratégiques, géoéconomiques et humains considérables pour les 20 prochaines années. Elle a, à portée de main, l'opportunité de se doter d'une ambition européenne et méditerranéenne qui peut lui conférer pour l'avenir un rôle déterminant dans la construction de l'espace méditerranéen occidental.
Ce destin, la Corse doit l'assumer et le construire dans le dépassement de ses frontières en constituant avec sa voisine la Sardaigne et en coopération avec les régions et pays voisins, un pôle de développement « Sud-Europe Méditerranée » interface entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée c'est-à-dire un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique. Cette ambition, si elle est portée en avant, représente un symbole puissant de la volonté de rapprochement entre l'Europe, la Méditerranée et l'Afrique déjà exprimée au niveau national. La Corse détient le choix, pas seulement de la promouvoir dans le cadre du « Projet d'Union pour la Méditerranée » lancé le 13 juillet 2008 à Paris, mais de la placer et de l'inscrire au coeur du Plan d'Aménagement et de Développement Durable de la Corse (PADDUC), document stratégique pour les 20 ans à venir, pour en constituer son épine dorsale, sa ligne de force, sa référence permanente et le guide indispensable pour concevoir et mettre en oeuvre une politique globale cohérente pour le développement futur de l'île. Car, à y regarder de près, toutes les grandes questions que posent le développement de notre l'île (Economie, institutions et démocratie, appareil productif, agriculture et élevage, tourisme, transports, énergie, environnement et protection des littoraux, formation et recherche, immigration, identité culturelle etc ..) sont aussi au coeur de l'avenir de la Méditerranée. Ce qui nécessite d'y répondre et de les traiter en les replaçant, d'abord, dans le contexte géopolitique et culturel actuel et futur de l'aire méditerranéenne occidentale. L'histoire, la géographie et l'économie le commandent. Pas seulement d'ailleurs. L'actualité l'impose aussi. Car la crise que nous connaissons aujourd'hui n'est pas seulement une crise financière avec toutes ses conséquences et ses dérives économiques et sociales désastreuses notamment pour les plus démunis. Elle est d'abord et fondamentalement une crise de la conscience morale et des valeurs humaines qui s'effondrent devant l'affairisme, la spéculation et la tentation d'engranger de superprofits. Une crise de civilisation en quelque sorte. S'ouvrir sur la Méditerranée c'est au contraire vouloir retrouver une morale faite d'humanisme, de fraternité et de solidarité.
C'est la vocation universelle du « Mare Nostrum », cette « machine à fabriquer de la civilisation ». C'est la seule force à opposer aux débordements actuels. La Méditerranée possède cette force communicatrice, cette capacité de rencontre, de dialogue et d'échanges générateurs de développement favorisée de plus par une évidente proximité culturelle. La Corse de demain doit se construire dans cette ouverture. Elle ne retrouvera sa sérénité qu'en se faisant elle-même l'actrice de cette évolution c'est-à-dire en renonçant à son isolement sans s'éloigner de ses bases c'est-à-dire de son identité. C'est une priorité. Elle doit s'y atteler dès maintenant et le traduire, au sein du PADDUC, par des projets structurants, concrets, et symboliques du rapprochement entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée comme le propose l'Association « euro-méditerranéa » grâce notamment à la réalisation d'un axe Nord-Sud de transport combiné (maritime et ferroviaire) à travers la Corse et la Sardaigne et vers la Tunisie. C'est une nécessité vitale pour l'avenir de l'île. Une Corse repliée sur elle-même serait une Corse plus dure, moins humaine, plus pauvre, plus faible, plus vieille. Une Corse ouverte sera une Corse plus juste, plus riche, plus forte, plus jeune, plus moderne plus tolérante. Il appartient aux forces politiques de Corse, aux organisations de la société civile et à chacun d'entre nous de promouvoir cette nouvelle vision de l'avenir de l'île pour bâtir ensemble un nouvel espace de démocratie, de citoyenneté, de tolérance et de solidarité. Une nouvelle espérance en somme. |